MICHAUX
LE JOUR, LES JOURS, LA FIN DES JOURS
Sans qu´il parlent, lapidé pour leurs pensées
Encore un jour de moindre niveau.
Gestes san ombres
À quel siècle faut-il se pencher pour´s apercevoir?
Fougères, fougères, on dirait des soupirs, partout, des soupirs
Le vent éparpille les feuilles détachées
Force des brancards, il y a dix huit cent mille ans on naissait
déjà pour pourrir, pour périr, pour souffrir
Ce jour, on en déjà eu de pareils
quantité de pareils
jour ou le vent´s engouffre
jour aux pensées insoutenables
Je vois les hommes immobiles
couchés dans des chalands
Partir.
De toute façon partir.
Le long couteau du flot de l´eau arrêtera la parole.
HENRI MICHAUX